Dans les entreprises cohabitent différents types de managers. Les segmentations dont multiples, mais il en est une qui m’interpelle plus que les autres et m’amène à m’interroger sur les pratiques managériales. Les Boss et les Leaders ne partagent rien, de même que les O’timmins et les O’Hara.
Qui est qui ?
Quand le Boss affirme son autorité, le Leader suscite l’adhésion de ses collaborateurs et place la relation sur un terrain Adulte-Adulte. En cas de problème, le Boss recherche les coupables qui fragilisent l’organisation, mais le Leader tire profit de cette expérience pour amener son équipe à trouver une solution et progresser.
Le Leader génère de l’enthousiasme et impulse le changement en « aspirant » les autres dans son sillage quand le Boss inspire la peur et fait progresser son équipe en la « poussant » sur un chemin escarpé.
Le Boss sait comment faire, mais le Leader montre comment faire. L’un commande quand l’autre demande.
L’autorité mise à mal ?
Est-ce à dire que l’autorité n’a plus sa place dans le monde de l’entreprise alors que la société toute entière aspire à un retour de l’autorité dans d’autres domaines (certes dissymétriques) dont l’Ecole et la Famille, lieux d’éducation par excellence ?
En réalité, l’Ecole comme la Famille sont deux contextes dans lesquels s’exercent des relations par essence dissymétriques, entre un enfant qui aspire à grandir et un adulte qui accepte de jouer un rôle temporaire d’éducation et d’émancipation. L’autorité se vit alors comme un moyen transitoire nécessaire permettant d’accéder à l’autonomie.
En se replongeant dans le contexte professionnel, précisons que l’autorité statutaire ne suffit plus (pour peu qu’elle eût suffit par le passé). L’autorité de compétence est primordiale et cette autorité est systématiquement mise à mal dans les changements de paliers qui caractérisent une progression professionnelle. Par exemple, un excellent commercial Grand Comptes promu Directeur Commercial devra asseoir une nouvelle forme d’autorité de compétence sur la base de compétences managériales à acquérir. En pareil cas, mieux vaut y être préparé et accélérer la courbe d’apprentissage !
Pour simplifier, beaucoup attribuent à la génération Y ces nouveaux rapport à l’autorité et l’extinction des Boss au profit des Leaders; je ne cèderai pas à la tentation. Plus qu’une aspiration générationelle, l’émergence d’un nouveau type de manager est probablement le fruit de mouvements concomitants :
- L’accélération de la mutation des modèles économiques exige une forme d’agilité organisationnelle. Cette agilité est plus facilement mise en oeuvre avec le style Leader, qui relie en permanence le manager à la réalité du terrain,
- La multiplication des sources d’accès au savoir – avec les risques connus de qualité de l’information circulant sur le web et les réseaux sociaux – ont mis à mal une forme d’autorité par la connaissance
- La progression de la laïcité dans la société a eu pour effet de remettre en cause l’autorité « de droit divin » et a bousculé de nombreuses formes d’organisations pyramidales.
Bienvenue dans le Darwinisme managérial!